Istanbul, cité antique
Date du voyage : mai 2011
Au printemps 2011, je suis parti une petite semaine à destination d'une ville dont on me parle depuis un bon petit moment : Istanbul, en Turquie. Cette métropole de 13,5 millions d'habitants n'est pas la capitale du pays, mais la plus importante ville et le principal centre économique de Turquie. Seule ville au monde à être à cheval sur deux continents, l'Europe à l'Ouest et l'Asie à l'Est, coupée en deux par le Détroit du Bosphore, Istanbul est une ville chargée d'histoire, inscrite au Patrimoine Mondial de l'Unesco depuis 1985.
Dans l'histoire, Istanbul est successivement appelée Byzance lors de sa fondation par les Grecs, puis Constantinople lorsque la "Nouvelle Rome" est décrétée capitale de l'Empire Romain (empire Byzantin à partir du 16ème siècle). A partir de 1453, la ville appartient à l'Empire Ottoman, puis est la capitale de la République de Turquie en 1920 jusqu'en 1923 lorsque la ville d'Ankara lui ravit cette place. Grâce à cette histoire mouvementée, Istanbul est aujourd'hui considérée comme l'une des plus importantes capitale antique.
Géographiquement, la ville se situe très près de la faille Nord-Anatolienne, ce qui fait de cette région une zone à fort risque sismique. Les plus éminents sismologues s'accordent à dire qu'un séisme de grande ampleur, comme la région en a déjà connus dans son histoire, frappera certainement Istanbul dans les prochaines décennies. Une telle catastrophe pourrait s'accompagner d'un tsunami destructeur dans cette zone bordée par la mer. Un tel évènement provoquerait probablement la destruction d'une grande partie des habitations et monuments les plus anciens de la ville, pour lesquels aucune norme parasismique n'a été imposée.
Raison de plus pour visiter ce millefeuille architectural formé d'un empilement de constructions historiques toutes plus fragiles les unes que les autres, avant qu'il ne soit malheureusement trop tard...
LA VISITE COMMENTÉE
Départ de l'aéroport de Bâle-Mulhouse avec la compagnie Easyjet, le 15 mai 2011 à destination de l'aéroport Sabiha Gökçen, du nom de la fille adoptive d'Atatürk, première femme pilote de chasse au monde. Cet aéroport n'est pas le plus grand d'Istanbul ni le plus proche du centre (il s'agit de l'Aéroport International Atatürk). Il se trouve sur la rive asiatique du Bosphore, et est la destination privilégiée des compagnies low cost européennes.
Après une bonne demie-heure pour comprendre les moyens qui s'offrent à nous pour rejoindre le centre d'Istanbul, nous prenons une navette de bus devant l'aéroport, qui nous dépose au port de Kadiköy, après une petite heure de route. Là, nous embarquons dans un bateau qui nous emmène en 30 minutes à l'embarcadère d'Eminönu. L'approche de la rive européenne est de toute beauté. Des dizaines de minarets pointent vers le ciel et d'imposantes mosquées bordent le front de mer. De quoi réaliser quelques photographies, ce que nous aurions eu plus de mal à faire en taxi ou en bus.
Une fois à quai, nous traversons un petit passage souterrain permettant de franchir le boulevard Kennedy qui longe la côte et là, on est immédiatement dans l'ambiance : le passage est noir de monde et de nombreux commerces sont disposés de part et d'autre du passage : chaussures, étoffes, journaux... La rue est bourdonnante de monde et de nombreux vendeurs de glaces et boissons tiennent de petits stands sur roulettes devant le port. d'art
Après quelques hectomètres de marche, nous montons dans un tram sur le boulevard Yeniçeriler et regagnons notre hôtel.
Les jours qui vont suivre vont consister à visiter essentiellement la partie européenne de la ville, au Sud de la Corne d'Or (ce bras de mer qui se jette dans le détroit du Bosphore). Nous nous rendrons quelques fois au-delà, mais jamais bien loin.
Voici les principaux sites visités au cours de ce voyage d'une semaine.
Ma visite commence par le quartier de Sultanhamet.
EGLISE SAINTE-SOPHIE
Sainte-Sophie est sans nul doute le monument le plus célèbre d'Istanbul. Cet édifice, souvent considéré comme la huitième merveille du monde, a successivement été une basilique puis une mosquée, avant de devenir un musée.
C'est sous le règne de l'Empereur Romain Constantin que fut contruite Sainte-Sophie, l'Eglise de la Sagesse Divine (Haghia Sophia), en 325. Plusieurs fois détruites par des incendies et reconstruite. La plus grande basilique du monde fut ainsi achevée en 537 par l'Empereur Justinien à Constantinople.
Pour sa constructin, les plus grands édifices de toutes les provinces de l'Empire furent "mis à contribution" en fournissant les matériaux les plus précieux. Ainsi, des marbres, des colonnes furent arrachés à de célèbres édifices : Temple de diane à Ephèse, Temple de Jupiter à Rome, Temples d'Athènes en Grèce, d'Isis et Osiris en Egypte... Des mosaïques d'or, s'une surface cumulée de 16.000 m², furent installées comme décorations à l'intérieur de l'ouvrage. La coupole surplombant la basilique est de 56 mètres de hauteur, pour un diamètre de 31 mètres.
Plusieurs tremblements de terre nécessiteront des travaux de reconstruction partielle.
Lors de la chute de Constantinople aux mains des Ottomans en 1453, le Sultan Mehmet II décida la transformation de Sainte-Sophie en Mosquée. Les travaux se feront progressivement sur plusieurs années, mais dans le respect de la Basilique, dont on conservera toutes les icônes et mosaïques. Quatre minarets furent ainsi aménagés au cours du XVème siècle. En 1934, Mustafa Kemal (Atatürk) décida de transformer Sainte-Sophie en musée.
L'architecture extérieure actuelle est lourde et laisse difficilement deviner les plans primitifs de l'ouvrage. D'importants contreforts en béton ont été ajoutés afin de conforter Sainte-Sophie suite aux nombreux séismes dont elle a souffert. Ce qui m'a surpris en entrant dans l'ancienne mosquée, c'est l'impression de légèreté qui contracte avec le coté massif de l'extérieur. De nombreuses ouvertures permettent à la lumière de venir inonder certaines parties de l'édifice, sous forme de rayons lumineux mystiques. 40 fenêtres sont même disposées à la base de l'impressionnante coupole, qui repose sur 4 énormes piliers. Plusieurs séries de balcons et d'arcades allègent également l'architecture intérieure. La sensation d'immensité est partout présente. La décoration intérieure s'appuie sur une impressionnante polychromie, formée de nombreux marbres colorés et de mosaïques dorées. L'accès aux tribunes supérieures permet d'observer les reliquats des mosaïques byzantines qui recouvraient à l'époque tout l'intérieur de la basilique. A l'intérieur de la nef, quatre disques noirs portant des calligraphies dorées, notamment des noms d'Allah et Mahomet, nous rappellent la dernière vocation religieuse de Sainte-Sophie.
Ce qui restera surtout dans ma mémoire suite à la visite de Sainte-Sophie, c'est le subtile mélange d'influences chrétiennes et musulmanes partout présentes dans la Basilique, ou la mosquée devrais-je dire !
MOSQUEE BLEUE
La Mosquée Sultan Ahmet est plus connue sous le nom occidental de Mosquée Bleue. Ce nom provient de la couleur bleue dominante de l'intérieur de l'édifice, caractéristique des célèbres faïences d'Iznit qui en tapissent les murs et de la teinte de ses murs extérieurs, gris-bleus.
Construite entre 1609 et 1617 par l'architecte Mehmet Agha, la Mosquée Bleue se situe à deux pas de la Basilique Sainte-Sophie. Sa décoration intérieure, constituée de 21.000 carreaux de faïence représentant des motifs floraux stylisés, est particulièrement riche et impressionnante. A ces faïences s'ajoutent de fines calligraphies dorées du Coran et de très beaux vitraux colorés.
La mosquée est pourvue de 6 minarets d'architecture ottomane classique et d'une coupole centrale de 23 mètres de diamètre, culminant à 43 mètres au-dessus du sol, entourée de demi-coupoles. Des dizaines de fenêtres aménagées dans la coupole principale et les demi-coupoles laissent entrer une lumière uniforme dans l'ensemble de l'ouvrage. L'entrée se fait par une vaste cour centurée de majestueuses arcades. De la cour, on aperçoit la succession de coupoles qui s'empilent élégamment.
Pour visiter l'intérieur de la mosquée, il est obligatoire de retirer au préalable ses chaussures, pour marcher sur d'immenses tapis colorés qui recouvrent le sol. Ce principe est le même dans toutes les mosquées. Les femmes (et les hommes) trop courtement vêtus sont dans l'obligation de se couvrir les jambes grâce à un linge qui leur est mis à disposition à l'entrée. Les femmes doivent égalmement se couvrir les cheveux. Pour ma part, j'ai craint être obligé de couvrir mes jambes, mais dès lors que vous portez un short de type bermuda, il n'y a aucun problème pour entrer.
LE GRAND BAZAR (Kapali Çarsi)
Il est inconcevable de visiter Istanbul sans faire un détour par le Grand Bazar. Ce marché est resté longtemps le plus grand marché couvert du monde. Le coeur le plus ancien remonte à 1461 et plusieurs agrandissements successifs au XVIe siècle sous Soliman le Magnifique ont porté sa superficie à 200.000 m². Ce dédale de ruelles étroites (au nombre de 58) héberge près de 4.000 boutiques, de la plus artisanale et authentique à la plus touristique. 18 entrées permettent de pénétrer dans cette incroyable fourmilière où il est très facile de se perdre. C'est d'ailleurs ce que nous ferons à plusieurs reprises. A force de tourner à gauche, puis à droite, à droite, puis à gauche, puis encore à droite... vous finissez par être complètement désorientés...
Les allées sont décorées de faïences multicolores et pourvues de nombreuses arcades. Elles s'ouvrent sur caravansérails de forme carrée.
Même si le lieu est devenu une attraction à touriste, on s'immerge très vite dans la culture locale et on se laisse rapidement emporter par les couleurs, les odeurs et l'artisana turc. Chaque rue a ses propres spécialités : bijoux, tapis, chaussures, cuir...
LE CARAVANSERAIL DE LA SULTANE VALIDE (Büyük Valide Han)
Istanbul regorge de caravansérails (ou hans), sorte d'hôtels où les caravanes de marchands faisaient halte dans les pays du Proche et Moyen-Orient et où exercaient certains artisans. Ces lieux sont souvent dissimulés derrière des portes dérobées et peu visités par les touristes, d'où leur intérêt.
L'un des plus grands hans d'Istanbul se trouve à deux pas du Grand Bazar : le Caravansérail de la Sultane Valide. Ce site construit au XVIIème siècle est très méconnu, même si certains guide le mentionnent dans leurs pages.
Cette visite particulière tranche radicalement avec la foule du Grand Bazar. Nous entrons par un petit passage étroit dans une première cour de petite taille, dans la pénombre. Des monticules de tissus sont amassés à même le sol. Après quelques minutes d'hésitation sur l'exactitude des lieux que nous souhaitons visiter, nous poursuivons et débouchons dans une petite cour servant de parking... Bref, étrange.
Nous marchons dans un couloir extrêmement sombre et délabré, une sorte de coupe-gorge désert où on n'a pas vraiment envie de traîner. La structure du bâtiment est en mauvais état et on a l'impression que tout va nous tomber sur la tête. Des fils électriques sortent de partout et courent le long des murs.
Nous arrivons sur un escalier, que nous nous décidons à monter. Je me demande jusqu'à quand nous allons évoluer dans ce bâtiment désert avant de nous faire engueuler par un local... Nous arrivons au premier étage, où des ouvertures donnent sur l'extérieur du caravansérail. On aperçoit une petite cours intérieure en ruines...
Mais que sommes-nous faire dans cet endroit sinistre ? Alors que nous sommes sur le point de faire demi-tour, un vieux monsieur se dirige vers nous en gromelant quelque chose d'incompréhensible. Nous hésitons : nous fait-il la morale ou nous demande-t-il quelque chose ? Il sort alors un trousseau de clés de sa poche et saisit une vieille clé rouillée qu'il introduit dans une porte en bois vermoulue, qui donne sur un étroit escalier. Il nous invite à le suivre, et nous comprenons que ce vieil homme veut nous emmener voir ce que nous sommes précisément venu chercher !
Un peu méfiant quand même, nous grimpons derrière lui. Puis c'est le choc : derrière une seconde porte, nous arrivons sur le toit du caravansérail, qui offre une vue magnifique sur les alentours : au loin, le Détroit du Bosphore et son pont en arrière plan, la partie aval de la Corne d'Or et le pont Galata, la Mosquée Neuve (Yeni Cami), d'anciennes geôles byzantines, et tout le quartier environnant. Le vieil homme nous attend dans un coin et nous fait signe d'avancer sur le toit du bâtiment ancestral. Le sommet des voûtes dessine de gros mamelons fissurés, au sein desquels poussent arbustes et végétation diverse. J'avance, peu rassuré, sur cet édifice très vieillissant. Alors que nous immortalisons le paysage avec nos appareils photos, les nombreux minarets des alentours s'animent et font raisonner dans tout le quartier l'appel à la prière. Avant de redescendre, le vieux Monsieur nous indique une petite pièce dévastée, au milieu de laquelle se trouve un ancier métier à tisser. Je remercie chaleureusement l'homme qui a nous a attendus patiemment et lui glisse une petite pièce alors qu'il referme derrière moi la porte qui dissimule son précieux secret...
MOSQUEE SULEYMANIYE (Süleymaniye Camii)
Pour poursuivre la visite, voici encore une autre mosquée ! Il faut dire qu'Istanbul n'en manque pas...
Celle-ci a été construite pour le Sultan Soliman le Magnifique ; elle a été achevée en 1557. Il s'agit de la plus grande mosquée d'Istanbul. Elle domine majestueusement la corne d'Or et est souvent considérée comme la plus belle mosquée de la ville. Malheureusement, lors de ma visite, quelques travaux de rénovation étaient en cours...
La cour de la mosquée est pavée de marbre et comprend une fontaine ornementée.
Près de l'entrée principale de la mosquée, plusieurs fidèles sont assis sur des tabourets en bois face au mur de l'édifice : ils se lavent les pieds, comme le veut la tradition, avant d'aller prier.
L'énorme coupole de 27 mètres de diamètre culmine à 53 mètres de hauteur. Une partie de la cour est ombragée par un portique constitué de colonnes, coupoles, voûtes et corniches saillantes... Tout comme l'intérieur, les murs inférieurs abrités sont en partie couverts de magnifiques faïences d'Iznik, bleutées, typiques de nombreuses mosquées d'Istanbul.
L'intérieur est de toute beauté et d'une certaine clarté. Je m'attarde devant le magnifique Minbar en marbre blanc (sorte de chaire d'où l'imam ou le mollah fait son sermon lors de la prière du vendredi), avec en arrière plan d'impressionnantes faïences d'Iznik de divers motifs mais toujours bleues... La coupole principale, blanche, est extrêmement lumineuse en raison des fenêtres qui sont aménagées à sa base.
PALAIS DE DOLMABAHCE (Dolmabahçe Sarayı)
Ce petit Versailles oriental, posé sur les bords du Bosphore au Nord de la rive européenne, a accueilli les sultans du XIXème siècle jusqu'à la fin de l'Empire Ottoman. Las de leur résidence de Topkapi qu'ils jugeaient sinistre, les souverains décidèrent de faire construire un nouveau palais plus moderne, sombrant aux charmes de la modernité occidentale, dans le style rococo. 1115151ee
Construit entre 1842 et 1853, ce palais aux jardins impeccablement entretenus, couvre 15.000 m² et possède 285 pièces. On peut y admirer le plus gros lustre en cristal de Bohême du monde (4,5 tonnes) dans le grand salon de cérémonie. L'intérieur est un labyrinthe de marbre, d'or et de cristal.
Faute de temps, je n'ai malheureusement pas visiter l'intérieur du palais, qui en vaut pourtant la peine. Nous nous sommes contentés d'une visite rapide du parc, clôturé coté Bosphore par une immense grille de 250 mètres de longueur, munie d'imposantes portes ciselées. Plusieurs jeunes soldats, armés jusqu'aux dents, montent la garde et font le va et vient dans le parc.
LE DETROIT DU BOSPHORE
Difficile de visiter Istanbul sans faire un tour de bateau sur le Bosphore. C'est ce que nous avons fait sur une demie-journée, alors que la météo était plutôt mitigée. Le Détroit du Bosphore est une ancienne vallée étroite, submergée par la mer à la fin du Tertiaire. Long de 32 kilomètres, il relie la Mer de Marmara au Sud à la Mer Noire au Nord. Sa largeur varie de 500 à 3.000 mètres. A l'Ouest de ce bras se trouve l'Europe et à l'Est l'Asie. Istanbul est à cheval de part et d'autre du détroit, en faisant la seule ville au monde située sur deux continents. Sa profondeur est de 80 mètres en moyenne.
Le Bosphore est une voie navigable internationale, régie par la Convention de Montreux (1936), qui y autorise le trafic marchand mais restreint le passage des bâtiments de guerre. Les échanges de marchandises entre l'Orient et la Russie d'une part et la méditerranée de l'autre se traduisent par le passage de plus de 50.000 navires par an, dont de très nombreux tankers acheminant le pétrole de la Mer Noire, ce qui fait de ce passage l'une des voies maritimes les plus fréquentées au monde. De ce fait, la navigation sur le Bosphore y est particulièrement dangereuse, d'autant plus que d'importants courants balayent cet étroit couloir. Au trafic Nord - Sud, il convient d'ajouter des dizaines de navettes qui transportent les habitants de la rive asiatique vers la rive européenne, et vis versa, chaque jour.
Deux ponts routiers permettent de traverser le détroit : le pont pont du Bosphore construit en 1973 et le pont Fatih Sultan Mehmet construit en 1988.
Nous faisons un saut à la charmante petite Mosquée baroque d'Ortaköy (Büyük Mecideye Camii) (1854), dont la façade s'inspire de l'Opéra Garnier de Paris. La mosquée se trouve au pied de l'imposant Pont du Bosphore ; pour le coup, elle semble ridiculement petite à coté du mastodonte d'acier.
La croisière démarre de Eminönü, mais nous embarquons à l'embarcadère d'Ortaköy, à bord d'un bateau de taille respectable. Vu les conditions météo, nous ne sommes pas nombreux à bord, et les autres passagers s’agglutinent à l'intérieur derrière les vitres. Nous faisons le choix de rester sur le pont, sur de petits bancs peu confortables. La remontée du Bosphore se fait le long de la rive Est ; nous n'avons pas chaud...
PALAIS DE TOPKAPI (Topkapi Sarayi)
C'est par une journée couverte et pas franchement ensoleillée que nous nous rendons devant l'entrée imposante du Palais de Topkapi. Cet édifice fut la résidence principale de tous les Sultans de l'Empire Ottoman entre les XVème et XIXème siècles. Il fut ensuite délaissé par les souverains au profit du Palais de Dolmabahçe. Le palais est construit sur l’emplacement de l’acropole de l’antique Byzance. Il domine la Corne d'Or, le Bosphore et la mer de Marmara.
Sa construction débuta en 1459 sous le règle de Mehmet II puis il fit l'objet de nombreux travaux d'agrandissement. Au cours du XVIème siècle fut construit le harem ; des travaux de reconstruction eurent lieu suite au séisme de 1509 et l'incendie de 1665. Après la fin de l'Empire ottoman en 1921, le palais de Topkapı est transformé en musée de l'ère ottomane. Le palais est inscrit au Patrimoine Mondiale de l'UNESCO depuis 1985.
Le palais comporte des centaines de pièces, mais il n'est possible de visiter que les plus importantes. Si vous aimez les bibelots en tous genres, alors Topkapi est fait pour vous ! Il héberge d'importantes collections de porcelaine, de vêtements, d'armes (de très belles dagues serties d'émeraudes...), de boucliers, d'armures, de miniatures ottomanes, de manuscrits de calligraphie islamique et de peintures murales, ainsi qu'une exposition permanente du trésor et de la joaillerie de l'époque ottomane. Ces collections se situent dans une multitude de pièces, souvent de petite taille, où il faut suivre un itinéraire à la queue-leu-leu !
Le passage sous le Pont du Bosphore est réellement impressionnant, tant le pont est imposant et son tablier métallique démesuré.
Plus loin, nous passons devant l'ancienne forteresse de Rumeli Hisari (1452), qui dessine une muraille de pierre crénelée à flanc de colline. Plusieurs tours massives sont toujours debout. Cette forteresse fût construite sous le règne de Mehmet II et armée de puissants canons destinés à contrôler la navigation sur le Bosphore. Après la chute de Constantinople, elle fût utilisée ponctuellement comme prison. De nos jours, elle héberge des festivals internationaux.
Juste après, nous passons sous le second pont sur le Bosphore, le pont de Mehmet Fatih. Après plusieurs arrêts, tantôt en rive européenne, tantôt asiatique, nous arrivons au village d'Anadolu Kavağı, sur la rive asiatique à l’extrémité Nord du détroit. De ce village préservé de l'urbanisation, nous pouvons monter au Château génois Yoros Kalesi (1350), d'où nous avons une vue superbe sur l'embouchure du Bosphore sur la Mer Noire...
Nous reprenons notre bateau pour redescendre le détroit. Nous croiserons un immense tanker, qui transporte visiblement du gaz ou du pétrole vers le Sud, avant d'arriver à Eminönü où sont stationnés de non moins énormes bateaux de croisière...
SAINT-SAUVEUR-IN-CHORA (Kariye Camii)
L'ancienne église byzantine de Saint-Sauveur-in-Chora est l'une des plus belles surprises de ce séjour stanbouliote. Située dans le quartier Edirne Kapı (a l'Ouest de la ville), cet édifice reconverti en mosquée pendant l'Empire Ottoman est un musée depuis 1948.
L'église a été construite au Vème siècle après J.C., à l'extérieur du Mur de Constantin, fortification créée un siècle plus tôt autour de Constantinople, pour protéger la capitale de l'Empire Byzantin des invasions. L'édifice tel qu'il existe aujourd'hui date des XIème et XIVème siècles, périodes au cours desquelles l'église fut reconstruite après destructions partielles. Les Ottomans transformèrent l'église en mosquée en 1511. L'église apparaît de taille modeste en comparaison des autres édifices d'Istanbul.
La renommée de Saint-Sauveur-in-Chora tient à l'incroyable richesse des mosaïques et des fresques que l'on peut observer à l'intérieur de l'église et qui datent en grande partie des XIIIème et XIVème siècles, période assimilée à la pré-Renaissance. Ces décorations représentent différentes étapes de la vie de Jésus, de Marie, de divers Saints et d’importants personnages de l’époque byzantine.
Que dire de plus, si ce n'est que l'appareil photo a tourné à plein régime ce jour là ! Rien de tel que quelques clichés pour vous convaincre de la beauté intérieur de cette église...
L'entrée du palais s'effectue par la porte impériale, située derrière l'église Sainte-Sophie, soigneusement gardée par deux militaires turques en faction. Après un petit contrôle des bagages, nous entrons dans la première cour du palais (qui en comporte 4). Cette cour ou se trouvent plusieurs fontaines, abrite notamment l'Eglise Sainte-Irène.
Nous franchissons la Porte du Salut (ou Porte du Milieu) pour rejoindre une deuxième cour, la Place du Conseil, qui n'était accessible qu'aux officiels et dignitaires étrangers. On y trouve sur la droite les cuisines impériales, qui héberge l’une des trois plus grandes collections de porcelaines chinoises du monde avec plus de 10.000 pièces ! Sur la gauche de la cours se trouve le magnifique Pavillon des Ministres (Kubbealti), les bâtiments de l'ancien hôpital et le Harem.
Le Harem est la principale curiosité de la deuxième cour, où se trouve l'entrée. Il est formé d'un ensemble de bâtiments connectés par de petites cours et comprend de nombreuses pièces (plus de 300) appartenant aux appartements du Sultan. Le tout représente 15.000 m² et accueillait plus de 400 personnes. La Sultane-Mère vivait dans la partie supérieure du Harem et était en charge de sa gestion.
La Porte de la Félicité permet de rejoindre la troisième cour. Cette cour constitue l'endroit où vivait le sultan, en dehors du Harem. Il s'agit d'un parc luxuriant, comprenant plusieurs pavillons à la très belle architecture (bibliothèque, Salle des Audiences, Galerie des Miniatures et des Portraits...), le Harem et le Trésor Impérial.
Le Trésor est une vaste collection d'œuvres d'art, de joaillerie, d'objets précieux de la dynastie ottomane. Une sélection seulement d'objets est visible dans les quatre pièces adjacentes, parmi lesquels des poignards et dagues, épées, armures de sultans, trônes en ébène et en or, le tout incrusté de pierres précieuses , émeraudes, diamants, perles... Dans la troisième pièce, on peut apercevoir 2 énormes chandeliers en or, de 48 kg chacun, et montés de 666 diamants... rien que ça ! Malheureusement, il est interdit de photographie dans les salles du Trésor...
La quatrième cour offre un panorama sur la Corne d'Or depuis une vaste terrasse.
QUELQUES CONSEILS POUR VISITER ISTANBUL
Comme je l'ai fait, l'idéal pour visiter Istanbul est le printemps ou l'automne, afin d'éviter les fortes chaleurs et les cohortes de touristes de l'été.
Si vous avez le sommeil fragile, emportez des boules quies car vous risquez de vous réveiller en sursaut vers 5 heures du matin lorsque tous les muezzins de la ville se mettent à chanter les appels à la prière. Personnellement, c'est un des points les plus dépaysants de la cité stanbouliote que j'ai beaucoup apprécié. Sachez que les appels à la prière sont au moins de 5 fois par jour.
Impossible de visiter Istanbul sans tester la gastronomie locale, non sans rappeler la cuisine libanaise et grecque. Si entre deux visites, vous avez un petit creux, arrêtez-vous auprès d'un vendeur de Simit, sorte de Bretzel aux graines de sésame que l'on trouve dans tous les coins de rues. Un excellent coupe-faim ! A l'heure de l'apéro, arrêtez-vous à une terrasse pour déguster, comme les autochtones, un verre de Raki, cette boisson anisée à base d'alcool de raisin, allongée d'eau ou bue sec (attention toutefois, cette boisson titre à 40 degrés...). Les turcs boivent le raki en apéritif mais surtout au cours d’un repas convivial, pouvant accompagner les mezzes (entrées turques) et les plats de poisson.
Pour le repas, essayez donc un authentique kebap. Mais oubliez l'immonde kebab à la mode européenne (avec un B à la place du P), servi sous forme de sandwich. Ici, le kebab se déguste au restaurant, dans une assiette. Il existe des dizaines de manière de le cuisiner. Je vous conseille d'essayer au moins une fois l’iskender kebap, un plat à base de mouton. La viande de mouton est accompagnée de sauce tomate, de yaourt et de tranches de pain croustillant placées en dessous de la viande. Si vous souhaitez déguster des plats traditionnels de poisson, il y a l'embarras du choix également...
Pour les déplacements, je vous conseille le tram si vous avez de longues distances à faire ou le métro. Si vous aimez marcher, le mieux pour visiter la ville et vous imprégner de l'ambiance des rues et de parcourir celle-ci à pied. Par contre, soignez très vigilant aux voitures qui ont bien peu de considération pour les piétons et les vélos, au demeurant très rares. Vous constaterez que les voitures utilise le klaxon a tout va pour se faire entendre des piétons, mais ne ralentissent que très rarement ! Les stambouliotes ne sont pas des exemples en matière de conduite : pour rejoindre notre aéroport le jour du départ, nous avons pris le taxi qui faisait des pointes à 100 km/h en ville (certes sur des grands boulevards) et qui grillait allègrement les feux rouges...
Ceci étant, courrez visiter Istanbul, une ville magique, riche de son histoire, dépaysante et rassurante à la fois. Et n'oubliez pas de rapporter dans vos valise une bouteille de Raki et un souvenir en faïence d'Iznik que vous irez acheter dans des boutiques qui vendent de l'authentique (pour ne pas prendre de risque, vous pouvez aller à la boutique du palais de Topkapi, mais surtout pas au Grand Bazar...
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